L'homme qui a le plus d'activité et de force dans l'esprit est celui-là même qui sent le mieux sa faiblesse. Cette force le pousse sans cesse contre des barrières, où il se froisse, pour ainsi dire ; une expérience continuelle et pénible l'avertit de ce qu'il ne peut pas. L'homme ordinaire, loin de se soupçonner des barrières nie même leur existence, parce qu'il n'a jamais eu la force d'aller au point où elles sont. C'est ainsi que de deux oiseaux renfermés dans une grande volière, l'aigle gémirait de sa prison, et le serin pourrait se croire dans un espace immense. Ainsi la modestie prouve le talent comme elle le fait pardonner.