Soupé seul et fort mélancoliquement. La table desservie, accoudé sur le sofa, la lampe à demi baissée, je me laissai aller à la rêverie. Angoisse de l'isolement, impossibilité de la solitude, ardent besoin d'affection, indomptable fierté qui ne veut pas demander, chercher, solliciter, départ de la jeunesse, probabilité du célibat, terreur de l'irréparable, horreur du regret, effroi de la vulgarité, amour de la famille, orgueil social, tous ces sentiments montèrent de mon cœur comme des nuages sur le flanc des Alpes, s'emmêlèrent, se tordirent, et s'il n'en tomba pas des larmes, il en descendit sur moi bien de l'ombre et de la tristesse.