On croit devoir plaindre les hommes qui sont ce qu'on appelle menés par leurs femmes ; et, en effet, si un homme d'un caractère doux et facile, que le hasard a associé à une femme hautaine et exigeante, est mené par elle, on doit le plaindre, quoiqu'on puisse toujours se dire : Pourquoi se laisse-t-il mener ? Mais comme dans l'ordre établi par l'usage, et même par les lois, la volonté seule des femmes ne peut amener ce résultat ; que celui qui se laisse conduire par elles est toujours un homme sans caractère, et qu'il ne subit en cela que l'ascendant d'un esprit supérieur sur un esprit faible ou incertain, on doit, au contraire, penser qu'il est trop heureux d'être guidé dans la route épineuse de la vie par une femme éclairée, et que, quand elle consent à prendre sur elle la responsabilité de ses actions, ce n'est pas lui, mais elle qu'il faut plaindre.