L'enfant qui naît, n'ayant que des facultés, n'est encore que récipient : sent-il pour la première fois, non seulement il est alors rempli de la sensation actuelle, mais au second moment il sent qu'il a senti, et qu'il ne sent plus ; là commence la mémoire, et si on lui fait éprouver au troisième instant une nouvelle sensation, il sent que celle-ci n'est pas l'autre ; ou si c'est la même il sent l'identité : ainsi il exerce sentiment, mémoire et jugement. Le moi résulte avec le temps du nombre des sensations qu'il éprouve, car à force de se toucher et de se sentir, il finit par se distinguer de tout ce qui n'est pas lui.