Oh ! si nous avions toute à nous une petite île brillante, lointaine et isolée, au milieu d'un océan d'azur, échauffée par les feux de l'été, où jamais une feuille ne meurt dans les bocages toujours fleuris, où l'abeille puise toute l'année dans le calice des roses, où le soleil se plaît à s'arrêter, où la nuit ne cache le jour que sous un voile transparent, où sentir seulement que l'on respire, que l'on vit, vaut mieux que toutes les joies que la vie offre ailleurs ! Là, d'une âme aussi pure, aussi ardente que le climat, nous aimerions comme on aimait dans l'âge d'or. L'éclat du soleil, l'air embaumé, se glisseraient dans nos cœurs et y appelleraient le printemps. Notre amour serait aussi immortel que nos bocages ; l'Espérance, comme l'abeille, se nourrirait toujours de fleurs fraîches écloses. Notre vie ressemblerait à un long jour de lumière, et la mort descendrait sur nous, rêveuse et calme, comme la nuit !