Paul Thiébault (2)

Les meilleures citations de Paul Thiébault :

L'homme du monde lit quinze cents volumes dans sa vie, sans être un homme instruit ; l'homme de lettres en étudie la dixième partie, et devient un homme précieux. Cette différence vient de ce que l'un ne fait qu'aborder les idées; qu'il ne conserve de ses lectures, peu choisies, sans suite , et souvent futiles, que de quoi alimenter les conversations du jour ; il perd en solidité et en profondeur, ce qu'il acquiert en superficie; tandis que l'autre , tout entier à ses études, ne lit que des ouvrages essentiels, et qui, pour ainsi dire, se lient au même système, se complètent; ne s'attache qu'aux idées mères, les recueille, les médite, les développe, les lie entre elles, et en forme une masse d'idées et de connaissances, qu'il a toujours à sa disposition, et qu'il peut appliquer à tout ce qu'il veut traiter.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

À très peu d'exceptions près, tout souffre dans la nature, et la différence des caractères ne sert qu'à varier les supplices créés par la jalousie, la haine, l'amour, l'envie, la crainte, les regrets, ou l'orgueil.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Quand l'amour-propre est en jeu, il joue toujours le premier rôle, et voilà pourquoi nous ne compatissons jamais aux maux d'autrui, lorsqu'ils servent notre amour-propre, ou lorsqu'ils le flattent. Nous n'avons en effet pas plus de pitié des tourments d'un rival, qu'un vainqueur n'en a de la honte d'un vaincu.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Espérer est un des droits de la vertu ; de la part du vice, c'est une usurpation et une profanation.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Les vertus réelles excusent et plaignent ; les fausses vertus accusent et déchirent.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Il ne faut se croire agréable aux grands, que lorsqu'on appartient à leurs affaires ou à leurs plaisirs.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Quelque utile que puisse être aux autres ce que nous leur disons, l'amour-propre le dicte bien plus souvent que l'obligeance.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Les femmes aiment mieux éprouver des sensations pénibles, que de n'en point éprouver.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Notre caractère et nos mœurs influent souvent plus sur nos jugements que notre raisonnement. Voilà pourquoi tant de gens, sans s'en douter, ne jugent les autres que d'après eux, et se peignent dans leurs jugements.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

L'honneur d'avoir occupé un poste éminent se détermine bien moins d'après la manière dont on l'a reçu, que d'après celle dont on l'a quitté.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Il n'y a point d'effet qui ne puisse être attribué à plus d'une cause, et c'est pourquoi les dévots ne voient d'autre motif à une bonne action, que la religion ; les bons cœurs, que la sensibilité ; les intrigants, que la politique ; et les méchants, que la vanité ou l'ambition.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

La crânerie, si l'on peut employer cette expression, est cette fougue irréfléchie et funeste ; cet amour ou cette soif des dangers qui excite à les provoquer et à les multiplier, sans examen d'utilité ou d’honneur ; mais par une espèce de bravade ou de cruauté, de dépravation ou de férocité : c'est l'audace dénaturée.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

L'intrépidité est cette force qui nous rend impassibles dans les périls les plus imminents, et forme le dernier terme du courage.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Lorsque quelqu'un exprime devant moi une pensée, une opinion, ou un désir, mon premier examen n'a pas pour objet de savoir si la pensée est exacte, l'opinion raisonnable, ou le désir naturel ; mais de découvrir quel intérêt personnel peut faire naître ce désir, commander cette opinion, inspirer cette idée, ou bien engager à les feindre. Le plus ou le moins de chaleur dans l'expression, d'adresse dans la tournure, ou de ténacité dans l'entretien, (calculé sur le caractère connu ou présumé de la personne, on sur sa situation), achève de déterminer la mesure de mon attention, mon jugement et ma réponse.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Chaque être dans la nature est susceptible d'un genre de félicité qui lui est propre. — Pour être heureux dans les associations de la vie, il ne faut pas que les individus qui s'associent soient tous faits pour le même bonheur ; mais il faut que ces associations soient basées sur de grands rapports de goûts, d'idées, de sentiments, et même d'habitude et de convenance.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Le premier effet de la prospérité est un sentiment d'expansion qui rend communicatif, et qui prend sa source dans le besoin d'annoncer son bonheur ; maïs le second effet de la fortune est un sentiment de morgue, qui porte à se soustraire par orgueil aux relations que d'ailleurs on désirerait.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

L'enfance et la jeunesse ne s'occupent jamais de l'avenir, quoiqu'il soit tout pour eux. La vieillesse s'en occupe toujours, quoiqu'il ne soit plus rien pour elle. Tous les âges ont donc leurs erreurs, leurs illusions et leurs faiblesses.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Les désirs que les femmes inspirent n'ont pour but, chez les jeunes gens, que le plaisir ; tandis que chez les hommes faits, ils ont pour but le bonheur ; parce que l'un ne pense qu'au moment, et que l'autre s'occupe de toute sa vie.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

L'erreur qui tourne au profit du bonheur peut entrer à bon compte dans la somme des biens de la vie.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Occupés d'affaires majeures, d'idées sérieuses, balançant de grands intérêts, les hommes ont pour eux les méditations ; les femmes, pour lesquelles tout est détail et affaire du moment, n'ont que les à-propos, auxquels en général leur nature et leurs habitudes les réduisent ; aussi jugent-elles souvent au premier aperçu, de choses qui nous demanderaient un examen réfléchi. — On peut dire qu'elles sentent leurs idées, plus qu'elles ne les combinent ; qu'elles agissent par impulsion, plus que par principe. Il s'ensuit delà que la première résolution d'une femme (dans un moment difficile) est presque toujours la meilleure. L'analyse fait ordinairement sur elles l'effet que la précipitation fait sur nous. — Elles ont un tact, en général, plus juste que le raisonnement.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Pour bien juger quelqu'un, examinez comment en général il juge les autres, et appliquez-lui ses propres jugements, sans craindre de vous tromper.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Les gens qui ne connaissent pas l'amitié peuvent avoir de l'engouement, mais n'ont jamais de véritable attachement ; leur engouement peut même devenir passion, parce que l'amour est presque toujours un sentiment personnel.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

On juge souvent les femmes, surtout beaucoup plus d'après ce qu'on les croit capables de faire, que d'après ce qu'elles font, ou ont fait.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Il est parfois fort doux de ne rien être, mais il est honteux de n'avoir rien été ; comme il est humiliant de n'avoir pas été, par sa faute, ce que l'on était fait pour être.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Les ridicules de ton, d'usages, de modes, sont toujours de convention, et par-là même ne sont des ridicules que dans quelques lieux, et pour quelque temps.

Paul Thiébault - Le recueil de pensées (1805)

Autre rubrique à découvrir :