Jean-Baptiste Charles Des Guerrois.

Biographie :

Charles Des Guerrois Historien, homme de lettres, poète et bibliothécaire français né le 3 août 1817 à Troyes dans le département de l'Aube, Jean-Baptiste Charles Des Guerrois est mort dans sa ville natale le 13 mars 1916 à l'âge de 98 ans. Découvrez sa biographie complète sur Wikipédia.

Les 50 citations de Charles Des Guerrois :

Le bonheur de la jeunesse égaie la vie comme le soleil du matin égaie la journée.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Nos plaisirs sont comme les marbres de l'antique Grèce : Il faut que le temps et la mémoire aient passé dessus pour qu'ils aient leur belle et douce teinte dorée, et qu'ils soient revêtus de toute leur beauté.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

L'argent est bas, il faut l'ennoblir ; il n'y a que l'esprit ou le cœur qui puisse lui donner sa noblesse.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Quand on est jeune et qu'on a l'esprit porté à la raillerie, on se figure volontiers qu'en la déguisant bien et en la raffinant le plus possible, on la rendra presque agréable à celui qui en est l'objet et la victime ; on voudrait se persuader qu'il vous saura gré de l'avoir attaqué avec une arme si délicatement aiguisée ; et on ne se dit pas que plus elle est fine, plus elle pénètre loin, et plus elle fait de mal en définitive. L'homme condamné à mort serait-il amoureux de son bourreau parce que celui-ci viendrait avec un sabre trempé à Damas, et garni de perles à la poignée ?

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

La politesse, chez une certaine classe de caractères, est la forme naturelle que prend l'expansion : Ils aiment, mais, par froideur de dehors, ils ne peuvent arriver plus haut qu'à être polis. Toute expression de tendresse dans leur cœur arrive sur leurs lèvres en formule de politesse. Les uns, les moins raffinés, n'y prennent pas garde, et cela se fait à leur insu ; les autres, les plus délicats, en souffrent sans pouvoir échapper à cette nécessité de leur nature.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

La tendresse est le feu de la forge qui amollit le fer pour le marteau ; elle amollit les caractères pour les rudes enseignements de la vie commune qui frappe et façonne comme le marteau.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Il y a des gens qui vivent cette vie comme s'ils n'avaient à tâche qu'une seule chose : Amasser des biens pour une seconde vie ! Ils y vont avec une ardeur, une conscience telles qu'on jurerait qu'ils ne doutent pas de leur fait. Hélas ! la mort est là qui va se déclarer héritière des biens si soigneusement amassés, et les mettre en œuvre à sa façon.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Rien peut-être n'est plus propre à donner une idée du néant de l'homme que le chaos perpétuel qui se fait, non seulement dans son intelligence, mais dans son cœur, dans ses désirs comme dans ses pensées. Non content de regretter après coup le mauvais succès de ses ambitions, il lui suffit d'avoir désiré pour se dégoûter.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

La vie est une algèbre dont nous ne connaissons pas les signes, parce que nous les observons mal ; mais si une fois nous en avions saisi la clef, tout s'enchaînerait à nos yeux avec autant de rigueur que les propositions d'Euclide.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Ah ! ne travaillons pas de gaieté de cœur à mettre de l'irréparable dans la vie. La vie, hélas ! se charge assez d'elle-même de nous éviter ce soin : L'irréparable, chaque minute y pousse ; regardons-nous avec nos yeux, regardons-nous avec notre âme.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

J'ai un malheur, c'est de ne pouvoir jamais vivre dans le présent, dans mon sentiment actuel, dans ma pensée d'aujourd'hui : Ce qu'on me dit, ce que je vais dire, je l'apprécie comme si j'en étais à dix ans dans l'avenir. La lettre que j'écris, je la lis avec les yeux de celui qui la recevra. Ce que je vois, ce n'est point le fait d'aujourd'hui, je le regarde d'un œil plus vieux de dix années. Un terrible prisme. Voilà pourquoi je ne m'intéresse pas à grand-chose.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Les amoureux par vanité, j'en ris ; les amoureux par reconnaissance, je les admire ; les amoureux par amour, trois fois heureux !

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Il en est de certaines âmes comme de quelques plantes, elles ont besoin d'être un peu froissées pour rendre tout leur parfum.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Comme les corbeaux qui flairent les cadavres, certains hommes sont d'une subtilité passionnée à flairer le malheur. L'organisation leur impose, comme une volupté poignante, d'en préliber un avant-goût ; et, chose singulière ! cet instinct ne les trompe pas : Deux fois malheureux ; malheureux par la prévision qui est déjà la réalité, malheureux par l'événement.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

La femme que nous préférons (je ne veux pas parler de l'amour), la femme que nous préférons n'est pas celle qui nous a paru la plus spirituelle, mais celle qui nous a trouvé le plus aimable.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Imprudents qui, à la première piqûre du malheur, jetez les hauts cris comme s'il vous avait blessés à mort, prenez garde, par vos clameurs, d'éveiller son attention qui se détourne de vous, d'appeler des coups près de fondre sur d'autres têtes. Prenez garde d'être un jour, et ce jour peut-être est prochain, contraints de regretter, comme l'idéal du bonheur, ce qui vous paraît aujourd'hui le comble de l'infortune. Prenez garde d'apprendre à connaître le désespoir, vous qui n'avez passé que par d'imperceptibles épreuves, dignes à peine du nom de disgrâces.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

L'homme qui, sur la foi de quelques jours de bonheur, espère immobiliser sa vie, ressemble à celui qui, sur la foi d'un rayon de soleil, voudrait conjurer les tempêtes, ou bien à celui qui, après s'être confié, sur une frêle barque, aux flots tumultueux d'un torrent, séduit par quelque site merveilleux, se dirait : Je vais arrêter mon esquif au milieu du courant, je vais faire une longue halte sous ces ombrages délicieux de la rive. Le courant l'entraîne toujours, adieu les ombrages frais, les sites charmants : Là-bas est le banc de sable où le navigateur va échouer, le rocher où son esquif va se briser tout à l'heure.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Je voudrais que tout le monde fût heureux sur cette terre, dussé-je rester seul à la porte de cet universel paradis : Je tâcherais alors de me composer un bonheur avec le bonheur de tous les autres.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Celui qui, les yeux et l'esprit troublés d'ambitieuse vanité, se hisse au pouvoir, attrape un ministère, est un homme ivre qui se suspend à la flèche d’un clocher à deux cents pieds du sol.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Combien de livres on lit pour dire qu'on les a lus ! Combien de voyages qu'on entreprend pour dire qu'on les a mis à fin ! Combien d'actions qu'on fait pour dire qu'on les a faites ! Et l'on a regret à tout le temps, à l'effort qu'il y a fallu dépenser !

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Fous que nous sommes ! Nous voulons saisir la physionomie morale des hommes et des choses ! Nous croyons l'avoir fixée, nous applaudissons au peintre qui l'a prise sur le fait ! Et la physionomie des choses physiques, que leur apparente immobilité rend plus faciles cent fois à saisir et à exprimer sous des traits définitifs, nous échappe à tout moment ! Nous croyons la tenir, et un peu de lumière, un peu d'ombre de plus, nous hésitons à les reconnaître, c'est presque un objet nouveau que nous avons sous les yeux. L'immobilité, mettez-la donc dans votre œil, mettez-la dans le rayon qui y vient apporter la lumière variée de nuances innombrables ! Mettez-la dans votre esprit, qui ne se ressemble pas à lui-même d'une heure à l'autre ; mettez-la dans les nuages qui courent au-dessus de votre tête !

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Si, par faute ou par nécessité, vous négligez d'appuyer les jours de votre malheur aux heures d'une prospérité défaillante, vous ne forcerez pas la fortune : Elle ne se rallie qu'au drapeau même déchiré qui guide la vie et l'activité humaines.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Celui qui outrage la vie et qui se mutine fait le novice ; celui qui se livre à elle et chante en disant : Bonheur, charme son imagination aux dépens de sa sincérité. Ni pleurs ni dithyrambes, mais un sourire qui lui dise à cette vie : Je te connais, tu ne vaux ni que je te célèbre, ni que je te déplore.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

La vie est comme ces engrenages qui broient la jeunesse, la beauté, la grâce, comme ils broieraient une masse d'argile. À cela près que la machine est aveugle, et que la vie semble choisir ses victimes.

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)

Un jour, cela est sûr, car vous êtes homme, et tous les hommes sont ainsi, votre jeune ardeur s'apaisera et vous aspirerez de toute votre âme au calme que vous avez fui de toutes vos forces ; vous regretterez amèrement les jours, les heures que vous aurez donnés aux emportements de la jeunesse ; vous bénirez le repos qui sera pour vous le commencement d'une nouvelle vie, vous savez cela, vous savez un axiome algébrique. Pourquoi donc ne commencez-vous pas par où vous serez heureux de finir !

Charles Des Guerrois - Les pensées de l'art et de la vie (1855)