Le bonheur, dans une destinée humaine, est à son ensemble et à sa définitive beauté, ce que le velouté est à la fleur, ce que le duvet est au fruit. En l'absence de l'un et de l'autre, la saveur peut être égale, le parfum n'est pas moins doux, mais l'œil s'éloigne involontairement repoussé, et cherche d'instinct la fleur plus vierge, le fruit plus intact. La destinée aussi n'a toute sa beauté, toute sa perfection, que par le bonheur. Sans le bonheur, les fruits les plus savoureux avortent ou ne sont pas cueillis, condamnés par la négligence et par l'oubli à mourir sur leur arbre natal.