Pour qui a bien vécu, la mort vaut mieux que la vie : l'une consomme son salut, l'autre le compromet.
Fussions-nous les Dieux de la terre, on nous jugera, et s'il y a du faible en nous, on nous condamnera. Il n'y a que la vertu reconnue qui puisse être au-dessus des discours des hommes.
Les libertins craignent de mourir parce qu'ils ne connaissent point d'autre vie que la vie présente ; et ils le craignent d'autant plus que leur infidélité, en leur faisant rejeter la croyance d'une autre vie, n'exclut point de leur esprit la cruelle incertitude s'il y a une autre vie ou s'il n'y en a pas.
Tout impie et tout libertin qui demande des miracles pour se convertir n'en serait pas moins libertin, ni moins impie, après les avoir vus. Ayant étouffé dans son cœur les lumières de la raison et de la foi, il saurait bien, pour se maintenir dans son libertinage, éluder la preuve que formeraient contre lui les miracles.
Il y a des émulations de vertu, il y en a de contention et de jalousie, et pour une émulation légitime, il y en cent de criminelles.
Il n'est presque point en notre pouvoir de conserver des sentiments avantageux pour ceux qui prétendent aux mêmes rangs que nous, beaucoup moins pour ceux qui les obtiennent et qu'on nous préfère. L'envie est comme un nuage entre eux et nous que la raison n'a pas la force de dissiper.
Bien loin de se faire un crime de l'ambition, on s'en fait souvent une vertu ; ou si elle passe pour un vice, on la regarde comme le vice des grandes âmes, et l'on aime mieux les vices des grands que les vertus des petits.
Il n'y a rien qui pique davantage le monde et qui excite plus son mépris que l'estime qu'un homme témoigne de lui-même, lorsque chacun voit ses faiblesses, et qu'il n'y a que lui à qui elles sont cachées.
L'orgueil qui nous possède, tout visible qu'il est, échappe à nos yeux, tandis qu'il se manifeste aux yeux des autres, et qu'il choque tous les esprits.
Le plaisir ne conduit à rien de solide et de grand, jamais ce qui s'appelle vie de plaisir n'a produit une vertu, n'a inspiré de sentiments nobles, n'a élevé l'homme au-dessus de lui-même.
Celui qui nous loue, dit souvent de nous ce que nous devrions être, et non pas ce que nous sommes.
C'est dans les grandes fortunes que se trouvent les grands chagrins. Qui pourrait dire le nombre de ceux qui n'y sont parvenus que pour être plus malheureux, et pour le sentir plus vivement.
L'infâme convoitise des richesses nous fait commettre des indignités qui nous couvriraient de honte, si, en nous les inspirant, elle ne nous apprenait à n'en point rougir.
Quand une fois l'amour des richesses domine, plus d'amitié, plus de fidélité, plus d'humanité, on se fait une âme de bronze pour résister aux remords de la conscience et de l'honneur.
Affabilité, douceur, déférence, sont des mots que l'avare ne connaît point, parce qu'ils expriment des vertus, dont il ne fait aucun usage, et sans lesquelles il a de quoi se soutenir.
La grandeur de ceux qui tirent de leur naissance et de leur sang leur supériorité est affable, douce, bienfaisante. Bien loin de s'enfler de ses avantages, elle les oublie en quelque manière, parce qu'elle sait qu'on ne les oubliera jamais.
Que dans une condition médiocre un homme oublie ses devoirs, cet homme ne fait tort qu'à lui-même, mais qu'un haut responsable néglige la conduite des affaires, c'est comme l'éclipse du premier astre qui fait souffrir toute la nature.
La grande erreur du monde est de croire que l'élévation, le rang, la dignité sont autant de droits acquis pour la tranquillité de la vie ; la raison nous dit que plus une condition est élevée, plus elle a de grandes obligations à remplir.
Tel est l'enchantement où vivent la plupart des gens du monde ; après avoir murmuré cent fois contre le monde, ils ne comprennent pas comment on peut s'en passer.
L'avantage qu'on a d'être quelque chose dans le monde n'est qu'un engagement à n'y être rien pour soi-même, afin d'y être tout pour les autres.
Le monde a ses lois essentiellement opposées à celles de la religion ; cependant, parce qu'on est du monde, on croit ne pouvoir pas se dispenser d'obéir à ses lois, et d'y accommoder jusqu'à sa religion.
Il y a dans nous un fonds de vérités mortifiantes et capables de nous humilier ; il faut que nous trouvions bon que ces vérités nous soient dites par d'autres, puisque nous ne sommes pas assez éclairés pour nous les dire à nous-mêmes.
On aime ceux qui prêchent les vérités et non pas nos vérités ; du moment que les vérités sont les nôtres et que nous nous en apercevons, un levain d'amertume commence à se former dans notre cœur. Mais qu'ils s'étendent tant qu'ils voudront sur les défauts d'autrui, nous les écoutons avec joie.
Souvent les hommes haïssent la vérité par la même raison qui devrait la rendre aimable, c'est-à-dire, parce qu'elle est vérité. Si ce qu'on leur reproche était moins vrai, ils s'en piqueraient moins.
La grande maxime de la science du monde est de taire des vérités désagréables à ceux à qui il serait utile de les savoir. Car pour en instruire ceux qui n'y ont aucune part, et qui devraient les ignorer, c'est sur quoi le monde ne se donne que trop de licence.
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