Joseph Michel Antoine Servan.
Les meilleures citations de Joseph Michel Antoine Servan :
Tous les grands cœurs n'ont point été de parfaits amis, mais tous les parfaits amis ont été de grands cœurs.
L'ambitieux est un homme qui joue un jeu de hasard, où il expose tout ce qu'il a pour gagner tout ce qui lui manque.
Ne paraître prétendre à rien n'est souvent qu'un moyen employé pour obtenir plus tôt.
Ce qui rend les hommes si dépendants de leurs semblables, c'est le désir même de leur commander.
On guérit de l'amour, mais non de l'avarice et de l'ambition. Un amant qui possède sa maîtresse n'a plus rien à désirer ; il a l'objet entier de sa passion, et il peut être complètement détrompé, mais l'ambitieux et l'avare n'obtiennent jamais qu'une partie de ce qu'ils désirent. La passion de l'amour a son comble, mais le mal des honneurs et de l'argent n'en a point ; et quand on a beaucoup on veut davantage.
L'amour n'est qu'une espèce d'ambition renfermée dans un seul objet, qui est la personne aimée, au lieu que l'ambition, proprement dite, voudrait conquérir tous les hommes : aussi l'ambition occupe les hommes après l'amour ; mais jamais l'amour ne contente après l'ambition.
Un grand emploi est une balance où l'on pèse au juste le mérite qu'on n'avait auparavant qu'évalué ; peu y gagnent, presque tous y souffrent du déchet.
Nous sommes aussi difficiles sur l'admiration des choses habituelles, que faciles sur celle des choses nouvelles. Ainsi l'estime que nous faisons des choses étant toujours proportionnée au goût qu'elles nous inspirent, et ce goût étant variable par notre nature même, nous ne pouvons avoir de mesure juste sur rien.
La calomnie tue à coup d'épingles ceux qui la craignent.
L'homme de génie ne peut résider avec tous les autres, il les passe ; l'homme à paradoxe ne veut point résider, il se jette à l'écart.
L'égoïsme est cette erreur qui consiste à croire que le bonheur de nos semblables est indifférent au nôtre, et que nous pouvons être heureux, tandis qu'ils ne le sont pas.
La douceur est cette disposition qui fait qu'on n'oppose aucune résistance aux désirs des autres hommes. Cette disposition peut être l'effet de la faiblesse ou de la force de l'âme.
Souvent on ne se plaint des autres que pour persuader aux autres et à soi-même qu'on n'a point de tort. On se dispense de faire des adieux sous prétexte de cacher sa douleur ; mais souvent en effet pour cacher son indifférence.
Dans les temps de dissensions civiles, chaque faction ne se défend des injures qu'elle craint de recevoir, ou qu'elle prétend avoir reçues, qu'en tachant de faire à ses ennemis de plus grands outrages. Comme la haine est extrême de part et d'autre, on la croit incurable ; et l'on suppose d'abord que toute réconciliation est impossible, opinion qui la rend réellement impossible.
Les défauts plaisent dans certains caractères comme les incorrections du style plaisent parmi des beautés, ou comme une masse d'ombre repose l'œil dans un tableau très éclairé ; et tout cela par la même raison : l'esprit aime la variété, et surtout les contrastes, parce qu'au plaisir de la diversité, les contrastes ajoutent celui de l'étonnement.
Un des principes de la crédulité du peuple est que les choses extraordinaires qu'on lui débite doivent être vraies puisqu'on ose les dire ; par là même, plus elles sont incroyables, plus il les croit : ainsi tout chef de secte n'a rien tant à craindre, que de mettre de la raison dans sa conduite et dans ses opinions.
Une des qualités les plus rares de l'esprit de conversation, et de tout esprit, est de savoir prendre le ton des choses.
L'esprit de suite n'est guère moins rare en France que la fougue du génie.
Un homme persévérant est plus sûr de faire naître une telle volonté dans telle tête, qu'un jardinier telle fleur étrangère dans tel terrain.
L'esprit de suite est fort rare : aussi dans toutes les parties on ne trouve presque que des hommes commencés, nul talent, nul savoir, nulle vertu, ne reçoit son juste développement, on raisonne beaucoup plus qu'on ne conclut, on conclut bien plus qu'on ne résout, et l'on résout fort au-delà de ce qu'on fait.
Les trop grandes promesses ne sont qu'un vent qui éteint la confiance, ou bien la confiance s'étouffe sous le volume des promesses.
Une confiance pleine et sans mesure réveille quelquefois l'honneur dans l'âme d'un fripon.
La vérité consiste à ne rien dire qui ne soit vrai, et la circonspection à ne pas dire les vérités qui peuvent nuire. Il est bien plus commun de savoir parler, que de savoir quand il faut parler. Agissez dans la société avec la même vérité que si vous étiez dans la plus profonde solitude, mais agissez dans la solitude avec la même retenue que si vous étiez au milieu de la société. Un homme qui se tait ressemble à un cabinet fermé, personne n'oserait assurer qu'il n'y a pas là une bibliothèque.
Vouloir censurer tous les ridicules est le plus grand des ridicules. Il faut pour l'ordinaire un plus grand mérite pour supporter une juste censure que pour obtenir une juste louange ; il est peu d'hommes qui ne se rendent dignes de quelque éloge, il en est bien peu qui sachent souffrir le blâme qu'ils ont mérité.
Le caractère est un cercle, on y tourne toute sa vie , on n'en sort jamais.