François-René, vicomte de Chateaubriand
Biographie :

Les 41 citations de François-René de Chateaubriand :
L'aristocratie est de sa nature ingrate et ingagnable quand on n'est pas né dans ses rangs.
Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d'admiration et un argument de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu'un terroriste.
Propre à tout pour les autres, bon à rien pour moi : me voilà !
L'amour-propre en souffrance a fait de grands révolutionnaires.
Toi qui donnas ta vie et ta mort aux hommes, toi qui aimes ceux qui pleurent, exauce la prière de l'infortuné qui souffre à ton exemple ! soutiens le fardeau qui l'écrase ! sois pour lui le Cyrénéen qui t'aida à porter la croix sur le Golgotha.
La voix de l'homme ne se ranime pas comme celle de l'écho : l'écho peut dormir dix siècles au fond d'un désert, et répondre ensuite au voyageur qui l'interroge ; la tombe ne répond jamais.
Il y a deux points de vue d'où la mort se montre bien différente. De l'un de ces points vous apercevez la mort au bout de la vie, comme un fantôme à l'extrémité d'une longue avenue : elle vous semble petite dans l'éloignement, mais à mesure que vous en approchez elle grandit ; le spectre démesuré finit par étendre sur vous ses mains froides et par vous étouffer. De l'autre point de vue la mort paraît énorme au fond de la vie, mais à mesure que vous marchez sur elle, elle diminue, et quand vous êtes au moment de la toucher, elle s'évanouit. L'insensé et le sage, le poltron et le brave, l'esprit impie et l'esprit religieux, l'homme de plaisir et l'homme de vertu, voient ainsi différemment la mort dans la perspective.
La cendre d'un mort, quel que fût de son vivant le décédé, est sacrée. La poussière des tyrans donne d'aussi grandes leçons que celle des bons rois.
La Mort, selon les Sauvages, est une grande femme fort belle, à laquelle il ne manque que le cœur.
La célébrité peut-elle faire illusion au point d'inspirer une passion pour ce que la nature a rendu désagréable ? Je ne le crois pas : la gloire est pour un vieil homme ce que sont les diamants pour une vieille femme : ils la parent, et ne peuvent l'embellir.
Chaque homme a un lieu particulier dans le monde où il peut dire qu'il a joui de la plus grande somme de bonheur : le calcul est bientôt fait.
Les autres nous semblent toujours plus heureux que nous, et pourtant ce qu'il y a d'étrange, c'est que l'homme qui changerait volontiers sa position ne consentirait presque jamais à changer sa personne. Il voudrait bien peut-être se rajeunir un peu, pas trop encore, et marcher droit s'il était boiteux, mais il se conserverait tout l'ensemble de sa personne, dans laquelle il trouve mille agréments et un je ne sais quoi qui le charme. Quant à son esprit, il n'en altèrerait pas la moindre parcelle : nous nous habituons à nous-mêmes, et nous tenons à notre vieille société.
La méchanceté est de tous les esprits le plus facile. Rien n'est si aisé que d'apercevoir un ridicule ou un vice, et de s'en moquer : il faut des qualités supérieures pour comprendre le génie et la vertu.
Souvent des personnes qui s'aiment se jurent, au commencement de leur bonheur, de quitter ensemble la vie ; mais il arrive qu'elles ne marchent pas avec la même vitesse, et quand l'une est prête à atteindre le but, l'autre ne l'est pas, ou ne l'est plus.
Il serait étrange que l'homme prétendît à une constance inaltérable lorsque toute la nature change autour de lui : l'arbre perd ses feuilles, l'oiseau ses plumes, le cerf ses rameaux. L'homme seul dirait : « Mon âme est inébranlable ; telle elle est aujourd'hui, telle elle sera demain. » L'homme dont les sentiments sont plus inconstants que les nuages ! l'homme qui veut et ne veut plus ! l'homme qui se dégoûte même de ses plaisirs, comme l'enfant de ses jouets !
Chez moi l'homme public est inébranlable, l'homme privé est à la merci de quiconque se veut emparer de lui, et, pour éviter une tracasserie d'une heure, je me rendrais esclave pendant un siècle.
Il y a des hommes pour lesquels la vertu n'est point la vertu reconnue par les autres hommes ; ils n'appellent point de ce nom toutes les choses régulières, mais inférieures, de l'existence, cette honnêteté vulgaire qui remplit exactement ses devoirs : la vertu pour eux est un élan de l'âme qui nous porte vers le bien aux dépens de notre bonheur et de notre vie, ou une force qui nous fait dompter nos passions les plus fougueuses. Ces hommes-là s'élèvent au-dessus des autres hommes, mais à quoi sont-ils bons dans la société ? Comme les montagnes dans la nature, comme les monuments gigantesques dans les arts, ils sortent des proportions communes : on les regarde, et on en a peur.
Souvent les gens de bien pleurent à la même heure où les pervers se réjouissent : le même moment voit s'accomplir une action honnête et une action coupable. Le vice et la vertu sont frère et sœur, ils ont été engendrés par l'homme : Abel et Caïn étaient enfants du même père.
La vertu est quelquefois oubliée dans son passage ici-bas, mais elle revit tôt ou tard ; on la retire des tombeaux comme on retire du sein de la terre une statue antique qui fait l'admiration des hommes.
L'indigence de notre nature est si profonde, que dans nos infirmités volages, pour exprimer nos affections récentes, nous ne pouvons employer que des mots déjà usés par nous dans nos anciens attachements. Il est cependant des paroles qui ne devraient servir qu'une fois : on les profane en les répétant. Nos amitiés trahies et délaissées nous reprochent les nouvelles sociétés où nous sommes engagés ; nos heures s'accusent : notre vie est une perpétuelle rougeur, parce qu'elle est une faute continuelle.
On soutient que les beautés réelles sont de tous les temps, de tous les pays : oui, les beautés de sentiment et de pensée ; non, les beautés de style. Le style n'est pas, comme la pensée, cosmopolite ; il a une terre natale, un ciel, un soleil à lui.
On ne vit que par le style : en vain on se révolte contre cette vérité. Le style, et il y en a de mille sortes, mais il ne s'apprend pas ; c'est le don du ciel, c'est le talent.
Il faut avoir le cœur placé haut pour verser certaines larmes : la source des grands fleuves se trouve sur le sommet des monts qui avoisinent le ciel.
Les grandes afflictions semblent raccourcir les heures comme les grandes joies : tout ce qui préoccupe fortement l'âme empêche de compter les instants.
Je n'ai jamais pu souffrir les explications, les raccommodements par protestation et éclaircissements, lamentations et pleurs, verbiage et reproches, détails et apologies.