Edmé François Pierre Chauvot de Beauchêne (5)
Les citations de Chauvot de Beauchêne :
L'épitaphe est la dernière des vanités de l'homme, elle est une marque bien plus certaine de l'orgueil des vivants que des vertus des morts.
Un vieillard flétri par l'orage des passions qui ont tourmenté sa vie, abattu par le temps, n'offre plus à la fin de sa carrière que les débris d'un grand naufrage : ses défauts ou ses vices paraissent avec toute leur difformité, parce qu'ils n'ont plus d'excuse ; mais celui qui toujours pratiqua le bien, parvient aux limites de la vie environné de l'éclat de ses vertus, et présente moins l'image de la mort que l'aurore de l'éternité.
Les vieillards sont comme ces monuments que le temps a ravagés, et qui conservent quelque empreinte de leur noble origine.
On critique souvent très amèrement les vieillards, parce qu'ils ont conservé quelques-unes des habitudes de la jeunesse ; hélas ! pourquoi ne veut-on pas voir en eux des hommes qui se noient et qui s'accrochent aux branches.
Les cheveux blancs d'un vieillard sans reproche sont une couronne dont le temps a orné sa tête.
À cinquante ans on commence à se lasser du monde ; à soixante le monde se lasse de vous : il faut donc, quand on est arrivé à ce terme, savoir se suffire à soi-même.
L'âme est véritablement grande quand elle sait se posséder, et qu'elle est peu troublée par les orages de la vie ; elle ressemble à la mer, dont la surface est agitée pendant la tempête, tandis que le fond reste tranquille.
Connaître son tempérament, c'est avoir trouvé le meilleur médecin.
La vie la plus conforme à la vertu est à la longue la plus agréable de toutes.
Tout le monde sait que les apparences sont souvent trompeuses, et cependant on se déclare plus facilement pour celles qui sont mauvaises que pour celles qui sont bonnes.
La vérité est comme un diamant ; s'il n'est pas placé dans le jour qui lui est favorable, les fausses pierres qui l'environnent jetteront plus d'éclat que lui.
Le peu d'appareil dont la loi accompagne la cérémonie du mariage civil, pourrait lui donner l'air d'une prostitution légale, si l'on n'y ajoutait la majesté des cérémonies religieuses.
Quand les devoirs sont présentés comme des moyens d'être heureux, on se détermine plus facilement à les remplir ; l'idée du bonheur est comme une essence dont le parfum corrige l'amertume des simples sans altérer leur propriété : c'est le miel mis sur les bords du vase qui contient la médecine.
Le temps est un grand bien, mais de courte durée ; le passé n'est plus rien pour nous ; le présent est un éclair qui fuit avec la rapidité de la pensée, à laquelle même il échappe ; l'avenir nous reste, mais il tient rarement ce qu'il promet !
Les hommes s'agitent et se tourmentent sans cesse les uns les autres dans le chemin de la vie, où ils sont jetés, pour arriver au même but ; ils feraient mieux de s'aider mutuellement que de se nuire pendant le voyage.
La vie la plus douce est remplie d'amertumes, l'immortalité seule peut nous en consoler.
Les philosophes chrétiens qui ont dit que cette vie n'était qu'un temps d'épreuves, qu'un passage pour arriver à une meilleure vie, ont consacré la vérité la plus consolante et rendu le plus bel hommage aux attributs de la Divinité.
La dévotion est le sentiment le plus pur et le plus vif que l'âme puisse éprouver ; elle est aussi la source la plus féconde du bonheur, parce qu'elle nous rend presque toujours contents de nous-mêmes et rarement mécontents des autres.
Écrire sur les mœurs, sans avoir vécu dans la société et sans l'avoir bien étudiée, c'est rendre compte d'une pièce de théâtre sans l'avoir vu.
La philosophie, au lieu de nous éclairer, nous environne presque toujours d'une foule de systèmes ; c'est un guide qui nous laisse le choix entre mille routes inconnues, au milieu desquelles la raison est incertaine. La religion, au contraire, n'indique qu'un seul chemin, mais elle en répond ; elle nous offre une philosophie à la portée de tous les hommes, et une science supérieure à toutes les conceptions de l'esprit humain.
La religion et l'honneur, sans nous guider par les mêmes motifs, nous conduisent souvent au même but ; l'une et l'autre ont des disciples zélés ; l'une et l'autre font des martyrs.
La médecine de l'âme a beaucoup de ressemblance avec celle du corps : ni l'une ni l'autre ne peut garantir l'efficacité de ses remèdes, ni préserver des rechutes.
Le premier qui appela Dieu son père, fut le plus éclairé des philosophes.
Nier des vérités parce qu'on ne les comprend pas, c'est orgueil, et non pas sagesse.
Que de personnes se jetteraient dans la dévotion, si on pouvait rendre l'impiété ridicule.