Antoine de Rivarol.

Les meilleures citations de Antoine de Rivarol :

La nature ayant à créer un être qui convînt à l'homme par ses proportions physiques, et à l'enfant par son moral, résolut le problème, en faisant de la femme un grand enfant.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Il s'en faut bien qu'on emploie à dominer sur soi, les mêmes soins et la même constance qu'on emploie à dominer sur les autres.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Non seulement il y a beaucoup d'esprits bornés, mais même leurs bornes sont mal posées.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Rien ne prouve mieux le peu d'estime que les hommes ont pour leur espèce que le mépris involontaire qu'ils témoignent en général à tous ceux qui les amusent et qui servent leurs plaisirs : et la plupart des hommes donnent pour raison de leur mépris pour une femme, qu'ils l'ont eue.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Les passions se font différentes issues : on voit des hommes non seulement avouer leurs vices, mais s'en vanter, et d'autres les cacher avec soin ; les uns cherchent des compagnons et les autres des dupes. Le plus grand égoïste n'est pas toujours celui qui convient de son égoïsme ; comme le plus gourmand n'est pas celui qui se récrie sur un bon plat, mais celui qui le savoure et qui se tait, de peur que tout le monde ne lui en demande.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Le goût des nouveautés tue l'amour et le génie, voyez ceux qui changent de livres et de femmes tous les jours. La passion est préférence, il faut pour être amoureux aimer toutes les femmes dans une seule, et pour avoir quelque génie, méditer et ne relire que les modèles qui sont les archives du goût : c'est avoir profité que de savoir s'y plaire.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

La justice ainsi que la haine, l'amour, le vice et la vertu naquirent dès qu'il y eut plus d'un homme sur la terre. N'y en eût-il que deux, ce qui serait utile à tous les deux serait un sujet de dispute avant de leur paraître la justice : car on peut croire qu'ils commenceraient plutôt par se nuire que par se servir, à cause que la nature ne leur a donné que l'amour de soi ; il arriverait donc qu'ils ne parviendraient aux idées du juste que par l'expérience de l'injustice.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Les esprits extraordinaires tiennent grand compte des choses communes et familières, et les esprits communs n'aiment et ne cherchent que les choses extraordinaires.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Le peuple se plaît plus aux pièces de théâtre grossières et familières qu'aux chefs-d'œuvre de la scène, c'est qu'il entend les premières.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Un homme qui s'enivre de vin, de tabac ou d'opium, pour être moins sensible à tout ce qui se passe autour de lui, ressemble à celui qui voudrait être sourd ou aveugle au milieu des rues de Londres ou de Paris.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

On n'aime pas à être obligé malgré soi, et par certaines personnes ; c'est que chacun doit jouer le rôle auquel il est appelé, et qu'il ne faut en usurper aucun, pas même celui de bienfaiteur.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Les gens du monde emploient mieux leurs loisirs que leur temps : les pauvres n'ont pas de loisirs. Les philosophes se sont trompés sur le peuple et sur les grands. Ils ont pensé que les petits s'éclaireraient, et que les grands ne s'éclaireraient point.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

L'imagination n'est que le sentiment d'un premier sentiment qui nous revient, même en l'absence de l'objet. Le jugement n'est que le sentiment de l'identité ou de la différence de deux autres sentiments, d'où naissent l'esprit et le goût. Le mélange de la mémoire et du jugement règle l'imagination. La folie est de deux espèces, l'une fixe et l'autre multiple. L'ivresse assoupit à un degré égal les trois grandes facultés du sentiment, de la mémoire et du jugement. On a donné le nom d'idées qui signifie images, aux sentiments simples ou composés, et leur effet s'appelle sensation.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

L'enfant qui naît, n'ayant que des facultés, n'est encore que récipient : sent-il pour la première fois, non seulement il est alors rempli de la sensation actuelle, mais au second moment il sent qu'il a senti, et qu'il ne sent plus ; là commence la mémoire, et si on lui fait éprouver au troisième instant une nouvelle sensation, il sent que celle-ci n'est pas l'autre ; ou si c'est la même il sent l'identité : ainsi il exerce sentiment, mémoire et jugement. Le moi résulte avec le temps du nombre des sensations qu'il éprouve, car à force de se toucher et de se sentir, il finit par se distinguer de tout ce qui n'est pas lui.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

On appelle la vie un bienfait, et cette expression si usitée est fausse. Je n'existais pas, vous m'avez fait, et voilà tout. C’est un acte et non un bienfait, de quelques dons que soit enrichi l'ouvrage. L'horloger ne peut pas dire qu'il est le bienfaiteur de l'or, de l'acier et du cuivre dont il a fait une montre.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Un homme médiocre qui prend bien son temps, peut avec de l'adresse et de la patience, jouer un rôle et faire parler de lui.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

L'esprit bat quatre fois dans le temps que le sens commun n'en bat qu'une. Il est toujours une raison prompte, et souvent une raison ornée.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Si à mesure qu'un homme augmente sa fortune, il agrandissait son estomac, il faudrait bien s'en défaire, c'est le cas des avares. Le coffre où ils entassent leurs écus ressemble à un estomac qui deviendrait chaque jour plus ample, et qui finirait, si la mort n'y mettait un terme, par engloutir la nourriture de toute une ville.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

L'enfant qui tète n'est qu'un organe, tel qu'un des vaisseaux lactés qui pompe le chyle.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Il faut que la vérité arrive nue à son but, et pour qu'elle y arrive nue, il faut qu'elle laisse tomber ses voiles, et ses voiles sont les in-folio.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Un homme à qui la nature a tout donné, et à qui la société dispute ou refuse tout, ne peut rien pour ce monde et ne travaille que pour l'avenir.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

La nature remue des éléments, et nous ne remuons que des masses. Si nous voyions les éléments, nous ne verrions pas les masses ; d'où il résulte que voyant celles-ci nous ne devons pas voir les autres.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Le mot précaire signifie aujourd'hui une chose ou un état mal assuré, et prouve le peu qu'on obtient par la prière, puisque ce mot vient de là.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Si nous étions composés d'éléments insensibles, d'atomes sans mouvements et sans vie, et que pourtant nous fussions capables de sentir et de nous mouvoir, il faudrait bien conclure qu'il y a en nous un être qui se meut et qui sent, comme le ressort d'une montre. Mais il est très vrai au contraire que nous sommes pétris d'atomes pleins de vie et de sensibilité, qui aiment, haïssent, souffrent, se réjouissent.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)

Il n'est pas besoin de passer devant les objets quand les objets passent devant nous : aussi les habitants des grandes villes ne croient pas avoir besoin de voyager.

Antoine de Rivarol - Les pensées inédites de Rivarol (1836)